Professeur de droit et de libertés publiques à l’Université pontificale catholique de Rio de Janeiro et adepte de la méditation, Antonio Pele voit dans l’engouement pour cette pratique une réponse à l’accélération du néolibéralisme.
Antonio Pele est professeur à l’université pontificale catholique de Rio de Janeiro (PUC-Rio), où il enseigne les libertés publiques et la théorie critique du droit. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, l’auteur de Direitos humanos e neoliberalismo (Rio de Janeiro : Lumen, 2018, non traduit) a préalablement été en poste à l’université Carlos-III de Madrid, dont il est docteur en droit. Ses recherches portent sur les droits fondamentaux, la dignité humaine et le néolibéralisme.
Comment vous êtes-vous intéressé aux relations entre la méditation et le capitalisme ?
Une partie de mes recherches portent sur les relations de pouvoir et la question des inégalités à travers le développement du capitalisme contemporain. Or on constate une synchronie entre l’engouement pour des techniques comme le yoga ou la méditation et le développement d’un capitalisme de plus en plus exigeant. On assiste à une sorte de captation de ces techniques pour les recycler au service de l’efficacité et de modes de productivité toujours plus contraints. Des entreprises comme Google créent des centres de méditation pour que leurs employés puissent être plus concentrés dans leurs activités.A notre insu, l’engouement pour la méditation conduit à mieux répondre aux vicissitudes de notre société et aux exigences les plus aiguës du capitalisme contemporain.
Yasmine Liénard : « La méditation m’a appris que le mal-être ne se guérit pas avec la tête mais avec le corps »
Article publié dans Le Monde du 30 /07/2019
La psychiatre explique comment et pourquoi elle a introduit la méditation dans le champ de la médecine afin d’accorder une place plus grande aux émotions et aux sensations corporelles des patients.
Tribune. J’ai découvert la méditation alors que j’étais en train d’effectuer mon clinicat à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. En concentrant mon attention sur mon souffle et mon corps comme la pleine conscience m’y invitait, j’ai ressenti des bienfaits sur mon état de stress et mes relations professionnelles ou personnelles. Ce fut pour moi un choc, un réveil à ma vraie nature, à quelque chose que je connaissais déjà mais que j’avais enfoui au nom de mes diktats personnels de réussite, de performance, et qui créaient cette souffrance que je ne pouvais nommer.
Cécilia Berder : avec la méditation, « ma progression sportive a été phénoménale »
Croyants ou pas, ils sont nombreux à consacrer chaque jour un temps à la méditation. Effet de mode ou vague de fond ? Chaque semaine, l’un de ces aventuriers de l’intime nous raconte pourquoi il médite. Troisième volet de notre série : l’escrimeuse Cécilia Berder, championne du monde de sabre par équipes aux Mondiaux 2018.
J’ai commencé la méditation à une époque où je sentais que je devais passer un cap.
Cette technique d’inspiration bouddhiste, qui séduit l’Occident, peut-elle se fondre dans les pratiques médicales classiques ?
Au début de la séance, il faut rajouter des chaises. On les agence en cercle afin que les participants puissent discuter de leurs expériences. Une bonne vingtaine en tout pour cette séance de thérapie cognitive fondée sur la méditation de pleine conscience, à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris.
Cette technique inspirée de la méditation bouddhiste consiste à porter son attention, sans jugement, sur ses sensations, ses pensées et ses émotions de manière à en devenir pleinement conscient et à se libérer de leur emprise. L’intérêt en psychiatrie ? Il s’agit d’un complément de la psychothérapie que suivent ces patients pour traiter leur dépression, afin de prévenir les ruminations, un symptôme qui précède les rechutes.