Jean-Gérard Bloch, pionnier de la méditation thérapeutique
Créateur à Strasbourg du premier diplôme universitaire « médecine, méditation et neurosciences », ce rhumatologue milite pour que la pleine conscience soit exploitée médicalement.
« Connaître la nature humaine. » Telle était l’ambition du jeune Jean-Gérard en entamant ses études de médecine à l’université de Strasbourg, dans les années 1980. « A cette époque, je fus à la fois satisfait et déçu. Car, si l’enseignement était passionnant, il manquait une certaine unité dans le lien corps-esprit », reconnaît aujourd’hui le docteur Bloch, la voix grave et posée. Ce manque, il le comblera en partie avec la méditation. « Je l’ai étudiée et pratiquée pendant plus de vingt ans et, petit à petit, je l’ai intégrée dans ma profession. En constatant à quel point la méditation avait changé ma vie, ouvert non seulement l’esprit mais le cœur aussi, j’ai voulu en faire profiter mes patients et les professionnels de santé. » Ce spécialiste en rhumatologie décide alors de développer une approche de médecine intégrative à l’hôpital et à l’université de Strasbourg. Convaincu des bienfaits de la méditation thérapeutique, il crée en 2012 le premier diplôme universitaire (DU) « médecine, méditation et neurosciences » en France, avec le professeur Gilles Bertschy, psychiatre, et le soutien du professeur Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg. Il doit pour cela braver obstacles et préjugés. Si certains collègues avaient froncé les sourcils à l’annonce de ce DU inédit, pour le professeur Sibilia, les réticences étaient essentiellement dues à « un manque de connaissance et de curiosité de la part de confrères qui ont une vision assez traditionnelle de la médecine ».Jean-Gérard Bloch tente alors de les rassurer en insistant sur le fondement scientifique et laïque de la méditation thérapeutique. Et, s’il a convié le dalaï-lama en 2016 à l’université de Strasbourg pour un dialogue avec des scientifiques, c’est parce que « c’est l’homme de savoir et de sciences que nous avons invité, pas le chef politique ni le guide spirituel », insiste le médecin, qui rappelle que le leader tibétain participe à des rencontres scientifiques dans le monde entier. « Le dalaï-lama reconnaît lui-même que la méditation peut être détachée de tout système de croyance, car c’est une exploration et une science interne de l’esprit », ajoute-il.
La méditation a le pouvoir de transformer notre cerveau. Un nombre croissant d’études scientifiques le montrent.
Atteindre, grâce à la méditation, un état d’esprit plus résilient, parvenir à mieux gérer les situations à haut potentiel de stress, apprendre à reconnaître et désamorcer les pensées angoissantes et l’anxiété, solidifier sa concentration et son attention, tout cela est rendu possible grâce à la plasticité cérébrale.
Notre cerveau est un organe dynamique qui évolue tout au long de notre vie. L’imagerie cérébrale par IRM a montré que notre cerveau se remodèle en fonction des apprentissages et des expériences que nous traversons, créant ainsi de nouveaux neurones et connections neuronales.
Magnifique documentaire dédié à Ruth DENISON, réalisé par Aleksandra Kumorek et diffusé sur Arte .
Ruth DENISON, décédée en 2015 à l’âge de 92 ans fût l’une des premières enseignantes à avoir introduit la méditation Vipassana en Occident . Elle a fondé un centre de méditation » Dhamma Dena » dans le désert du Mojave en Californie.
Ce film, « La vie, une danse silencieuse » la suit sur la dernière année de sa vie .
Est-il possible de repérer par EEG la dérive attentionnelle? Que se passe t-il sur la machine quand je suis mindful et quand je ne le suis pas? Telle est l’objet de l’étude à laquelle j’ai participé à l’ ESPCI de Paris ( déc 2018)
« L’étude DREAM de l’équipe interfaces cerveau-machine du laboratoire PLASTICITE DU CERVEAU porte sur les processus attentionnels, en particulier une comparaison des états de dérive attentionnelle (quand nous rêvassons, autrement appelé mode du « pilote automatique ») par rapport à l’état mindful ( quand l’esprit est dans l’instant présent).
L’objectif de cette étude est d’identifier des marqueurs électroencéphalographiques (EEG) pour détecter en temps-réel la dérive attentionnelle, par rapport aux états mindfuls. Les participants effectuent certaines pratiques telles que des méditations sur le souffle, ou sur le champ visuel, pendant que des électrodes EEG collectent leur activité cérébrale. »
Laboratoire Plasticité du Cerveau, CNRS, UMR 8249, ESPCI paris www.bio.espci.fr